« Yaramaz » est un mot turc qui signifie littéralement quelque chose comme « bon à rien ». Le terme est souvent utilisé envers les petits enfants lorsqu’ils sont espiègles et rebelles. Güner Künier a nommé son deuxième album Yaramaz pour raconter sa propre histoire de passage à l’âge adulte à travers les codes du punk et du post-punk. Il s'agit de se libérer des attentes sociales et familiales — et de surmonter le sentiment de valoir moins que les autres. Ce thème central est abordé sous plusieurs angles. Dans Down Down, un morceau au rythme synth-punk percutant et aux riffs de guitare bruyants, le processus ardu et exigeant d’autonomisation est mis en lumière. Künier évoque les zones d’ombre psychologiques qu’il faut supporter et dépasser (« Exercise me / all the way down / living in the shadow »). Dans Eye Shadow, Künier lutte contre son propre sentiment d’altérité (« I told you once / and they’re never stepping back / I told you twice / and they are hitting right back »). Dans cette chanson comme tout au long de l’album, la libération des attentes et de la validation extérieures est présentée comme une arme à double tranchant : « Ma propre émancipation apporte aussi de la solitude et de la tristesse car elle me fait perdre les liens familiaux », explique Künier. « En même temps, un autre type d’amour et de solidarité apparaît dans ma vie. » La chanson en turc Yanıma Yat (« Allonge-toi à côté de moi ») explore l’amour et le soin que nous recevons des relations que nous choisissons nous-mêmes. Le post-punk et la minimal/synth-wave constituent les principales références musicales de Yaramaz, mais de nombreux autres (sous-)genres y ont également laissé leur empreinte. Des sonorités shoegaze expansives, une ambiance noir à la Velvet Underground, et une touche de krautrock composent la chanson d’ouverture Ne Var (« Quoi de neuf »). On retrouve également des échos du mouvement riot grrrl, notamment dans Cash Cash Exercise, où Künier expérimente des effets de mégaphone sur sa voix, créant un son qui évoque une fusion entre Le Tigre, Peaches et DAF. D’autres morceaux comme Eye Shadow, Sabahlar (« Matins »), ou Yanıma Yat, relèvent du synth-punk classique, avec des rythmes et des boucles répétitives, parfois entrecoupés de guitare, tandis que Künier chante souvent avec un détachement cool. Dans l’ensemble, Yaramaz sonne comme un album libérateur avec un message simple mais important : suis ton propre chemin et ne laisse rien t’en détourner. https://www.youtube.com/watch?v=f-zANjb7uaw https://www.youtube.com/watch?v=IQe7nnF7eQo https://www.youtube.com/watch?v=TcqQTWzhf6k